« Exercice de la présence de Dieu »
inspiré des Maximes de Laurent de la Résurrection 1
Cet exercice peut contribuer à une vie entière d’oraison car il peut se pratiquer à tout moment de la vie, dans l’action comme dans les temps de prière. Il est un moyen pour que toute la vie devienne « spirituelle », c’est-à-dire vie de foi, d’espérance et de charité.
Principe pour y arriver
Il faut que nous ayons pour principe de « regarder toujours Dieu et sa gloire en tout ce que nous faisons, ce que nous disons et entreprenons », c’est-à-dire que nous soyons déterminés à surmonter toutes les difficultés pour être les parfaits adorateurs qu’il cherche (cf. Jn 4). Nous ne sommes pas parfaits mais chercher à faire sa volonté et compter sur lui tournera toujours à notre bien…
La pratique de la présence de Dieu
1) « La pratique la plus sainte, la plus commune et la plus nécessaire en la vie spirituelle est la présence de Dieu, c’est de se plaire et s’accoutumer en sa divine compagnie, parlant humblement et s’entretenant amoureusement avec lui en tout temps, à tous moments, sans règle ni mesure, surtout dans le temps des tentations, des peines, des aridités, des dégoûts, et même des infidélités, et des péchés » (p. 82).
D’autres expressions disent cet exercice de la présence de Dieu :
« une application de notre esprit à Dieu », ou « un souvenir de Dieu présent », « un acte simple », « une connaissance claire et distincte de Dieu », ou parfois « un regard général et amoureux en Dieu », « une attention à Dieu », « un entretien muet avec Dieu », « une confiance en Dieu », « la vie et la paix de l’âme »…
2) Cette pratique consiste en un « acte intérieur », mais nous pouvons faire de tous nos actes extérieurs eux-mêmes une façon de nous entretenir avec Dieu. Pour cela, il faut agir sans précipitation, « travailler doucement, tranquillement et amoureusement avec Dieu, le prier d’agréer notre travail. »
3) Pendant nos actions, faire de très nombreuses petites pauses « pour adorer Dieu au fond de notre coeur ». C’est chaque fois une façon de donner la priorité à notre Créateur. Nous faisons de ces pauses des actes d’adoration, avec foi, amour et intention de le servir, et aussi de chercher à progresser en vertu avec l’aide de Dieu.
L’adoration en esprit et en vérité signifie « une humble et véritable adoration d’esprit dans le fond et le centre de notre âme », en sachant qu’il est parfait et que nous sommes pauvres mais qu’il veut nous rendre semblable à lui si nous le voulons.
Dieu peut nous conduire à une union constante avec lui, pourvu que nous soyons aussi libre de l’aimer par-dessus tous les plaisirs naturels ou spirituels.
La grâce de vivre dans la présence de Dieu
En pratiquant fréquemment ces actes de présence de Dieu, une habitude peut se former et nous disposer à ce que la pointe de l’âme puisse recevoir la grâce de trouver son repos en Dieu et atteindre « la présence de Dieu actuelle » : « le regard doux et amoureux de Dieu allume insensiblement un feu divin en l’âme. » Dieu se réjouit de sa compagnie et craint même qu’elle ne s’éloigne à nouveau : donc il la gâte de nourriture spirituelle !
Pour se préparer à recevoir cette grâce,
Il faut chercher à se convertir : une purification des « sens » est nécessaire pour accéder à la vie « spirituelle ».
Il faut aussi pratiquer la présence de Dieu avec douceur, humilité, amour, sans inquiétude.
D’autre part, Laurent de la Résurrection donne ce conseil très important : que « ce regard intérieur » précède toutes les actions extérieures, qu’il les accompagne aussi de temps en temps dans de petites pauses, et qu’il soit toujours au terme des actions. Autrement dit, c’est « le coeur » qui doit diriger notre être et nos actions.
Des paroles courtes peuvent aider à rester attaché à Dieu.
Cette grâce permet
une foi plus vive et plus agissante en toutes circonstances et surtout pour obtenir des grâces dans les tentations. « L’âme voit et sent la présence de Dieu. »
Elle permet une espérance plus forte car elle découvre progressivement la beauté de Dieu.
L’âme est purifiée par le feu de l’amour de Dieu. Elle désire voir Dieu.
« L’âme se familiarise avec Dieu de telle manière qu’elle passe presque toute sa vie en des actes continuels d’amour, d’adoration, de contrition, de confiance, d’actions de grâces, d’offrande, de demande (…). »
Certes, c’est une grâce singulière « mais je dirai pour la consolation de ceux qui veulent embrasser cette sainte pratique, qu’il la donne ordinairement aux âmes qui s’y disposent et s’il ne la donne pas, on peut du moins, avec le secours de ses grâces ordinaires, acquérir par la pratique de la présence de Dieu une manière et un état d’oraison qui approche beaucoup de ce simple regard. » (p. 91).
1. Carme déchaussé (1614-1691). LAURENT DE LA RÉSURRECTION, L’expérience de la présence de Dieu, Texte établi par S. M. Bouchereaux, et présenté par le P. François de Sainte-Marie, Seuil, 1977 (1e éd. 1948), p. 81-91.