L’oraison pour découvrir l’Amour premier de Dieu
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour. En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés (1 Jn 4,8-10).
L’oraison pour répondre à l’amour de Dieu
Comme l’exprime le premier commandement :
Dt 6,4-7 :
Ecoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton coeur! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout.
L’oraison pour développer aussi l’amour pour le prochain
Jésus a rappelé le premier commandement en ajoutant…
Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes (Mt 22,38-40).
Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15,12).
L’oraison permet d’aimer les autres de l’amour dont nous sommes aimés par le Seigneur.
« Prier en esprit et en vérité »
En annonçant la venue de son Esprit, Dieu promettait déjà le don de l’oraison.
Ez 36,25-28 :
Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu.
Jésus a annoncé « la prière en Esprit »
Jn 4,23 :
(…) l’heure vient – et c’est maintenant – où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est dans l’esprit et la vérité qu’ils doivent adorer.
Jn 7,37-39 :
(…) Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! » selon le mot de l’Ecriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.
Jn 4,14 :
Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle.
Jésus a enseigné la prière en Esprit
Lc 11,1-4 :
Et il advint, comme il était quelque part à prier, quand il eut cessé, un de ses disciples lui dit: « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. »
Il leur dit: « Lorsque vous priez, dites: Père, que ton Nom soit sanctifié; que ton règne vienne; donne-nous chaque jour notre pain quotidien; et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit; et ne nous soumets pas à la tentation. »
Lc 11,9-13 :
Et moi, je vous dis: demandez et l’on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira.
Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson, et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent? Ou encore s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient!
Jn 14,21-23 :
Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui.
Judas – pas l’Iscariote – lui dit: ‘Seigneur, et qu’est-il advenu, que tu doives te manifester à nous et non pas au monde?’
Jésus lui répondit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui.
L’oraison ne s’identifie pas purement et simplement à la prière
Henri Caffarel :
« L’oraison s’apparente à (…) différentes formes de prière, mais elle n’en a pas moins un caractère propre. Elle est la prière individuelle, intérieure, prolongée. Elle va d’abord à Dieu pour Dieu. Elle recherche la présence et la connaissance de Dieu, elle s’ouvre à son action et à son amour, elle aspire à la communion avec lui. L’oraison, comme toute relation d’amour de personne à personne, est une réalité à la fois simple et complexe, à la portée de tous (…). »
L’oraison est « rencontre du Christ et du chrétien. Si je parle du Christ plutôt que de Dieu, c’est parce que Dieu a voulu se faire connaître par et dans le Christ.
Le Christ est venu nous attacher à lui afin de nous conduire avec lui et en lui au Père, de nous faire pénétrer au plus profond du mystère de Dieu » (Cinq soirées sur la prière intérieure, ch. 1-2).
Jean Lafrance :
« Il faut bien voir la différence qu’il y a entre la prière et l’oraison, entre l’invocation du nom et la découverte du visage du Père des cieux. Invoquer le Père est une chose, découvrir expérimentalement qu’il est le Père en étant en relation avec lui est une autre chose. C’est toute la différence qu’il y a entre la prière et l’oraison, qu’il ne faut pas confondre. Normalement, la prière, si elle est confiante, humble et persévérante, doit mener à l’oraison, mais elle ne s’identifie jamais avec elle. C’est pourquoi le Christ nous demande de commencer le Pater en invoquant le nom du Père afin que son visage s’illumine en nous et que nous puissions entrer en dialogue avec lui. En ce sens l’oraison ne s’identifie avec aucune autre forme de prière, qu’il s’agisse de la méditation, de la prière vocale, de la récitation de l’office ou de la participation à l’Eucharistie. Elle peut les imprégner toutes comme une onction d’huile imprègne une étoffe et il est même souhaitable qu’il en soit ainsi, sinon la prière devient machinale et routinière, mais l’oraison transcende toutes les formes de prière et ne s’identifie avec aucune d’elles » (Notre Père, 2. Le don de l’oraison, ch. 1,1).