Dans l’oraison, on cherche davantage à écouter Dieu qu’à lui adresser des paroles.
C’est une attitude de fond de l’homme d’oraison.
Durant les temps de prière eux-mêmes, le « Livre » de la Parole apparaît souvent irremplaçable.
Ecouter, c’est accueillir la Personne du Christ, Verbe de Dieu, qui transforme notre coeur et se fait « chair » en nous.
L’oraison est aussi la quête d’un échange de regards.
Le Christ est le parfait Orant en qui les chrétiens doivent déposer leur prière.
Il les invite à se joindre à lui et à adresser toute prière « en son Nom », c’est-à-dire dans la puissance que Celui-ci recèle.
Ecouter le Christ
Mc 9,7
(…) une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le. »
Rm 10,14.17
(…) comment l’invoquer sans d’abord croire en lui? Et comment croire sans d’abord l’entendre? Et comment entendre sans prédicateur? (…) Ainsi la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ.
Lc 8, 11-15.18-21
« Voici (…) ce que signifie la parabole: La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont au bord du chemin sont ceux qui ont entendu, puis vient le diable qui enlève la Parole de leur coeur, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés. Ceux qui sont sur le roc sont ceux qui accueillent la Parole avec joie quand ils l’ont entendue, mais ceux-là n’ont pas de racine, ils ne croient que pour un moment, et au moment de l’épreuve ils font défection. Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais en cours de route les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie les étouffent, et ils n’arrivent pas à maturité. Et ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un coeur noble et généreux, la retiennent et portent du fruit par leur constance (…).
Prenez (…) garde à la manière dont vous écoutez! (…). Sa mère et ses frères vinrent alors le trouver, mais ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule. On l’en informa: « Ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir. » Mais il leur répondit: « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. »
Lc 10, 38-42
Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit: « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule? Dis-lui donc de m’aider. » Mais le Seigneur lui répondit: « Marthe, Marthe, tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses; pourtant il en faut peu, une seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée. »
Se joindre à sa prière
Lc 9, 28-36
Or il advint (…) que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante. Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Elie qui, apparus en gloire, parlaient de son départ, qu’il allait accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. S’étant bien réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui. Et il advint, comme ceux-ci se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus: « Maître, il est heureux que nous soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie »: il ne savait ce qu’il disait. Et pendant qu’il disait cela, survint une nuée qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée. Et une voix partit de la nuée, qui disait: « Celui-ci est mon Fils, l’Elu, écoutez-le. » Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. Pour eux, ils gardèrent le silence et ne rapportèrent rien à personne, en ces jours-là, de ce qu’ils avaient vu.
Mt 26,36-38
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples: « Restez ici, tandis que je m’en irai prier là-bas. »
Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse.
Alors il leur dit: « Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi. »
Jn 15,7; 16,23-24
Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez. (…)
En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète.
He 7,24-25
(…) du fait qu’il demeure pour l’éternité, [Jésus] a un sacerdoce immuable. D’où il suit qu’il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
He 9,24
Ce n’est pas (…) dans un sanctuaire fait de main d’homme (…) que le Christ est entré, mais dans le ciel lui-même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu en notre faveur.
Catéchisme de l’Eglise Catholique
2715 La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. « Je l’avise et il m’avise », disait à son saint curé le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle. Cette attention à Lui est renoncement au « moi ». Son regard purifie le cœur. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les hommes. La contemplation porte aussi son regard sur les mystères de la vie du Christ. Elle apprend ainsi « la connaissance intérieure du Seigneur » pour l’aimer et le suivre davantage (cf. S. Ignace, ex. spir. 104).
2716 L’oraison est écoute de la Parole de Dieu. Loin d’être passive, cette écoute est l’obéissance de la foi, accueil inconditionnel du serviteur et adhésion aimante de l’enfant. Elle participe au « oui » du Fils devenu Serviteur et au « fiat » de son humble servante.
2717 L’oraison est silence, ce « symbole du monde qui vient » (S. Isaac de Ninive, tract. myst. 66) ou « silencieux amour » (S. Jean de la Croix). Les paroles dans l’oraison ne sont pas des discours mais des brindilles qui alimentent le feu de l’amour. C’est dans ce silence, insupportable à l’homme « extérieur », que le Père nous dit son Verbe incarné, souffrant, mort et ressuscité, et que l’Esprit filial nous fait participer à la prière deJésus.
2718 L’oraison est union à la prière du Christ dans la mesure où elle fait participer à son Mystère. Le Mystère du Christ est célébré par l’Eglise dans l’Eucharistie, et l’Esprit Saint le fait vivre dans l’oraison, afin qu’il soit manifesté par la charité en acte.
2719 L’oraison est une communion d’amour porteuse de Vie pour la multitude, dans la mesure où elle est consentement à demeurer dans la nuit de la foi. La Nuit pascale de la Résurrection passe par celle de l’agonie et du tombeau. Ce sont ces trois temps forts de l’Heure de Jésus que son Esprit (et non la « chair qui est faible ») fait vivre dans l’oraison. Il faut consentir à « veiller une heure avec lui » (cf. Mt 26, 40).